Le jour de la Présentation est une fête que j’aime beaucoup. Plus exactement j’ai appris à l’aimer davantage depuis que je suis à Prouilhe. Tout spécialement à cause de la beauté de la liturgie. La vie en France est belle, même si parfois j’ai un peu de mal à suivre car il y des choses que je ne comprends pas du tout. Par exemple pourquoi on mange des crêpes le jour de la fête de la Présentation… J’ai bien essayé de le comprendre au moment où j’étais chargée de la cuisine mais je n’y suis pas arrivée – ce qui ne m’a pas empêchée d’accepter bien volontiers cette coutume et chaque année je me réjouis avec mes sœurs en mangeant des crêpes !

Mais il n’y a pas que les crêpes ! Cette fête est une journée très joyeuse et lumineuse car la liturgie est belle et pleine de sens. Et cela me donne une joie bien plus grande que les crêpes !

La vie consacrée n’est pas une affaire privée mais un engagement en Église. Je me suis donnée moi-même à Dieu par ma profession solennelle, dans un acte public et communautaire. Ce n’est pas seulement quelque chose entre Dieu et moi. Cette relation est bien sûr fondamentale dans ma vie spirituelle mais je ne dois pas oublier qu’elle s’inscrit dans une démarche ecclésiale : il n’existe pas de vie consacrée sans la communauté d’Église.

Donc cette fête est vraiment notre fête. En célébrant Noël et Pâques, nous sommes appelés à contempler le mystère du Christ mais aujourd’hui nous nous souvenons plutôt du mystère de notre vie dans le Christ. Et chaque année, à travers la liturgie de ce jour, nous méditons le sens de notre consécration comme disciples de Jésus.

Quand mon cierge est allumé pour la procession, je pense à la grâce du baptême qui est le fondement de notre vie chrétienne et je rends grâce pour la communauté qui me permet vivre cette grâce plus profondément en Eglise. Chaque sœur porte son propre cierge mais la flamme est la même : c’est le Christ. C’est un moment très émouvant pour moi. Cette liturgie me parle beaucoup. Ma petitesse, ce n’est pas grave. On n’a pas besoin de se chagriner pour cela ! Au contraire je peux me réjouir en pensant que ma petite flamme est celle du Christ. C’est Lui qui est le plus important et il est là. Cela me suffit…

Quand nous avançons vers l’autel en procession, deux par deux, je me sens comme dans les mains de St Joseph, mon patron. J’aime beaucoup cette image où St Joseph est représenté tenant dans ses mains deux petites colombes pour les offrir à Dieu dans le Temple. Je veille très attentivement à la flamme de ma bougie, en pensant à la main de St Joseph qui protégeait avec soin les petites colombes…

Lorsque nous arrivons à l’autel, chacune plante son cierge dans une grande vasque de sable : toutes nos petites lumières individuelles se transforment alors en un bouquet de lumière ! C’est vraiment beau et simple. Je contemple la beauté de l’Eglise, Corps du Christ. Et je suis heureuse d’en faire partie. La petite flamme de mon cierge brille avec et parmi les autres flammes. C’est ma joie.

* Ce texte a été écrit à la demande du chargé de communication du diocèse de Carcassonne, à l’occasion de la fête de la Vie consacrée le 2 février. On peut en écouter l’enregistrement ainsi que le témoignage de Sr Lioba sur le site https://www.aude.catholique.fr/