Petites et grandes histoires du Monastère de Prouilhe. 1

De nos 800 ans d’histoire, les archives conservent bien des traces. Nous nous proposons de vous partager sur notre site, de temps à autre, quelques « pépites ».

Parmi bien des trésors, nos archives conservent cette jolie boîte.

Pouvez-vous deviner ce qu’elle renferme ?

Quelques morceaux de la peau… d’une de nos sœurs du XIVème s. !

Nous trouvons le récit de ce miracle sous la plume du Pierre Cambefort, curé de Fanjeaux au XVIIème siècle.

Par Mr Cambefort prêtre et chapelain en l’église paroissiale N. Dame de la ville de Fanjeaux. L’an 1646, f. 104r.

Miracle de sœur Margueze de Grezes Religieuse de Prouilhe devenue lépreuse* et guérie miraculeusement, 1328.

Il y eut dans le dévot Monastère de Prouilhe une Religieuse nommée Marqueze de Grezes laquelle vint lépreuse de peur pour avoir mis le feu par mégarde a sa chambre en laquelle elle avait quantité de livres d’un prédicateur à sa garde. Cette lèpre lui arriva du grand trouble d’esprit qu’elle eut de cet accident ; toutes les Religieuses étonnées prirent résolution de la sortir hors dudit Monastère. La nuit avant de sortir, elle demanda aux religieuses qu’on lui fît cette grâce de faveur de la laisser enfermée dans la Chapelle du cloître ; ce que lui fut favorablement accordé. Arriva qu’à minuit les religieuses se levant pour aller à Matines la trouvèrent endormie et sa peau de lèpre à trois ou quatre pas d’elle ; son corps resta aussi net & plus beau qu’auparavant sans aucune apparence de lèpre. Et étant informée et interrogée comme le tour s’était passé, elle assura que S. Marc lui avait apparu et l’avait dépouillée de sa peau, laquelle peau fut prise et remise dans une caisse longue de bois avec sa serrure, sur l’autel de ladite chapelle, là où elle est maintenue en même état.

Sœur Françoise du Mortier assura que l’an 1611 elle la mania et que c’est au rapport de plusieurs que s’est une vraie peau de créature humaine sans délice & trouée en plusieurs endroits.

L’an 1642 Madame d’Albret prieure dudit monastère la fit voir publiquement à la grille grande de l’Eglise. Le révérend père Jean Craquet religieux dudit ordre qui a demeuré long temps vicaire en chef m’assura qu’il la vue & maniée de ses propres mains.

* le mot « lèpre » désigne très largement une maladie de la peau

Le temps passa…

Le 27 décembre 1855, alors que du « royal couvent de Prouille » il ne reste qu’un pan de mur en ruine, la Vicomtesse Jurien de la Gravière rachète le terrain de l’ancien monastère. Quelques mois plus tard, M. l’abbé de Soubiran, chanoine de Castelnaudary, lui confie en dépôt la précieuse relique que lui-même venait de recevoir : une partie de la peau de la sœur lépreuse, dissimulée dans une petite boîte, avait été sauvée en 1793 grâce à l’ingéniosité d’un révolutionnaire chargé de l’expropriation des lieux.  Elle avait été conservée depuis dans des familles, et l’on avait perdu sa trace. Madame Jurien vit dans cet événement un signe de la Providence qui la confirmait dans son dessein de reconstruire le monastère.

Aujourd’hui, cette relique et ce récit sont pour nous le témoignage de la foi des sœurs qui nous ont précédées.

Saint Dominique continue de nous accompagner et de nous soutenir de sa prière, comme il nous l’a promis…