Écouter la voix des guetteurs, leur appel retentit, c’est un seul cri de joie pour tout le peuple. Les anges dans le ciel étoilé se joignent à l’ange annonçant aux bergers : Dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur… Le signe, un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. Tous chantent : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre Paix aux hommes de sa bienveillance.

« Joie exubérante des bergers » avec leurs brebis qui bêlent, « bonheur silencieux de la vierge Marie », Dieu en la crèche, là, pleure et gémit ! Quel Mystère !

La joie des hommes, des animaux, de la création, du ciel et l’Enfant divin, Dieu « qui me voit, voit le Père », le Verbe, le logos qui pleure et gémit en communion avec tous les enfants malheureux, avec tous ceux qui souffrent et pleurent. Comment ne pas penser à Notre Père Saint Dominique qui pleurait la nuit en priant et en criant Seigneur, ma miséricorde, que vont devenir les pécheurs ou comme le peint Fra Angelico, un peu à l’écart, contemplant silencieux la scène de la nativité : l’Enfant du Bel Amour, Fils de Dieu, le Verbe, le rayonnement de la gloire de Dieu qui porte l’univers par sa Parole puissante. Quel mystère !

Il a pour berceau une mangeoire, lui qui dira Moi, je suis le Pain vivant… si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair offerte pour la vie du monde. Avec les yeux de la foi, nous voyons sa gloire : Le Christ né de la Vierge Marie se fait le pain de notre route. Par l’eucharistie, il soutient notre montée jusqu’à la communion glorieuse avec lui dans la plénitude de sa joie.

O merveilleux échange, le créateur du genre humain a pris notre chair et notre sang. Il a daigné naître d’une vierge et nous fait part de sa divinité, alleluia !

Pourquoi une mangeoire ? Les siens ne l’ont pas reçu, mais dans l’étable d’une grotte, les animaux les ont accueillis. L’étable, déjà du temps de Saint Grégoire de Nysse représente la terre maltraitée où le Verbe fait chair vient planter sa tente et redonner à la création, au cosmos sa beauté, sa dignité. C’est le message de Noël, ce qui fait jubiler les anges et fait briller dans le cœur de tout homme l’espérance, la paix, la joie. N’est-il pas la Lumière du monde ?

Tous les soirs, nous chantons le Salve Regina et nous implorons à genoux la Vierge Marie de nous montrer Jésus. A genoux, il faut nous abaisser, nous incliner pour reconnaître le Mystère. Seul celui qui s’abaisse comprend ce mystère et peut suivre Jésus sur la route après sa Passion-Résurrection en les faisant siens dans sa propre vie. Jésus, semance d’une humanité nouvelle, fait entrer l’histoire de l’homme dans l’histoire Sainte. Mystère de la Création, de l’agir de Dieu que nous retrouvons implicitement quand nous nous abaissons pour voir le premier homme dans une grotte comme pour voir Dieu fait homme dans la grotte de Bethléem ou pour constater que le tombeau est vide au matin de la Résurrection.

La Vierge Marie nous montre Jésus et en même temps elle nous le donne dans la barque de notre cœur Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Faisons de Jésus notre meilleur ami écoutons le, faisons tout ce qu’il nous dira pour témoigner de cette humanité nouvelle, comme l’ont fait toutes nos sœurs qui nous ont précédées dans ce monastère.

Avec Marie, retenons tous ces événements et méditons-les dans notre cœur. C’est en notre âme que le mystère s’accomplit… pour vivre de la Parole à l’exemple de Notre Père Saint Dominique qui a réalisé l’office du Verbe : Allons de l’avant et pensons à Notre Sauveur !

Soeur Marie de L’Annonciation